Médecin, guide de montagne et survivant du COVID-19

7 min de lecture

11  J'aime

Le Dr Pierre Muller est un dur à cuire. C’est le moins qu’on puisse dire.

Cet homme de 49 ans est un guide de montagne expérimenté, travaillant comme urgentologue à Sallanches, près de Chamonix. Il est également membre de l'équipe de secours alpin français à la gendarmerie des Alpes du Nord. Quand il ne travaille pas à l'hôpital, il monte dans des hélicoptères et sauve la vie des gens lorsqu'ils ont été blessés dans les montagnes. Au fil des ans, l'ambassadeur de Salomon a servi de médecin pour les expéditions de Salomon TV, accompagnant d'abord notre équipe et nos athlètes à Svalberg, en Norvège, pour l'épisode « Eclipse », puis sur la calotte glaciaire du Groenland pour l'épisode « Guilt Trip ». Il a escaladé certains des plus grands murs des Alpes - y compris la face nord de l'Eiger et celle du Cervin en hiver - ainsi que des sommets à Madagascar, au Sahara, au Pakistan et dans le Yosemite. On peut donc dire que c’est un sportif.

  • guilt trip clothed muller
  • guilt trip naked muller
0 / 0

Lorsqu’on a passé une vie à aller dans de tels endroits pour faire de telles choses, la dernière chose à laquelle on s’attend est d’attraper un virus qui, en l’espace de quelques jours, vous laisse quasi-mourant dans votre propre lit. Il y a tout juste deux semaines, Pierre a bien cru qu’il allait y passer après avoir contracté le COVID-19.

« Je suis rentré du travail le Vendredi 20 mars et je me sentais épuisé », se souvient Pierre. « J'ai pris ma température et elle était de 39 degrés. J'étais sûr à 80% que j'avais le COVID parce que je travaillais avec des patients touchés par le virus plus tôt cette semaine, et il semble y avoir une période d'incubation d'environ cinq jours. Mais je me suis dit : je suis jeune et en forme, je vais rester un peu dans mon lit et je m'en sortirai. "

Il s'est isolé de sa femme et de son fils et a passé les sept jours suivants allongé. Il était tellement fatigué qu'il ne pouvait plus bouger. Tout au long de cette semaine, Pierre est resté en contact constant avec ses collègues de l'hôpital où il travaille, les informant de son état de santé. Le lendemain, son état s’est empiré.

« Le huitième jour, ma respiration devenait plus difficile, alors je suis allé à l'hôpital et j'ai fait une radio des poumons et des prises de sang, qui ont confirmé que j'avais le COVID ». La radio du torse de Pierre a montré que les deux côtés de ses poumons étaient très infectés et, en raison d'un manque d'oxygène dans son sang, il avait besoin d'un ventilateur pour l'aider à respirer. « J'avais besoin d'oxygène », explique-t-il. « C'était comme si j'étais à 7 500 mètres d’altitude et je me sentais très, très faible. »

Au total, Pierre a été malade pendant sept jours chez lui, et quatre autres à l'hôpital. Le douzième jour, sa santé a commencé à s'améliorer et il a commencé à se sentir mieux au bout du quatorzième. Mais il a bien failli y rester.

« Les jours les plus critiques ont été entre le septième et le onzième jour », explique Pierre. « Ce sont les jours où vous pouvez vraiment passer du côté obscur. »

pierre muller kite ski
pierre muller portrait

En tant que médecin qui a soigné des patients atteint du COVID -19 et en souffrant lui-même, Pierre incite vivement les gens à obéir aux consignes d’isolation dans le futur immédiat. Pierre étant un amoureux du plein air, il comprend qu'être enfermé n'est pas facile pour ceux d'entre nous qui ont besoin de rester actif, mais il précise que le respect de ces consignes est une question de vie ou de mort, même si cette vie n’est pas là votre.

« C’est la seule façon de sauver une vie… en restant chez soi », souligne Pierre. « Plus le nombre de personnes infectées augmentera, plus les hôpitaux seront surchargés et nous ne pourrons tout simplement pas traiter tous les patients avec un nombre de respirateurs limité. J'ai vu une projection de ce qui se passerait en France sans ces mesures, et on estime que nous aurions eu 20 fois plus de morts. Je sais que cela ressemble au moyen-âge, chacun enfermé chez soi, mais c'est la seule façon d’aplatir la courbe. Il faudra peut-être un peu plus de temps pour surmonter la maladie, mais les hôpitaux pourront gérer la situation. Nous ne voulons pas que tout le monde attrape le COVID en l’espace de quelques semaines. Même si seulement 10% de la population doit venir à l'hôpital, nous n'aurons jamais assez de lits. »

Si vous êtes jeune et en forme - comme la plupart des coureurs, des skieurs et des randonneurs - et que vous vous imaginez êtes plus tolérant à la maladie, Pierre veut que vous sachiez que le virus ne se soucie pas de la distance ou de la vitesse à laquelle vous courez. À l'hôpital, lui et ses collègues ont traité des patients dans un état pire que lui, et certains étaient jeunes et en pleine forme.

« Personne n'est invincible », explique Pierre. « Lorsque vous vous sentez malade, vous ne devriez pas vous tester et vous entraîner. Ne poussez pas. Ce virus s’attaque également au cœur et il peut le détruire, alors prenez-le au sérieux même si vous êtes jeune. Et si vous êtes jeune et en forme, peut-être ne ressentirez-vous pas de symptômes ou ne saurez-vous même pas que vous en avez, mais vous pourriez porter le virus et le transmettre à quelqu'un qui est plus faible que vous et qui pourrait devenir très malade. La seule façon de sauver une vie est de rester loin les uns des autres. »

La nature imprévisible du virus est également ce qui alarme Pierre et d'autres professionnels de la santé. En effet, un patient peut tout d’abord ne présenter que des symptômes modérés, puis devenir extrêmement malade et sur le point de mourir quelques heures plus tard.

« Vous voyez quelqu'un qui va bien, et que l’on renvoie chez lui. Il rappelle quelques heures plus tard car il ne peut pas respirer. Il revient en urgence à l’hôpital et doit être mis sous ventilateur », explique Pierre. « C'est très difficile à prévoir et cela dépend de la réaction de chacun face au virus. »

Ayant été bénévole avec des organisations humanitaires en Irak et géré des situations de réfugiés, Pierre explique que cette pandémie n'est pas quelque chose qu’il s'attendait à voir en France ou dans un autre pays développé. « C'est très choquant pour moi et ce n'est pas quelque chose que vous étudiez à l'école de médecine », dit-il. « Aujourd'hui, nous avons un hôpital qui fonctionne comme dans un pays en guerre. »

  • pierre muller two lads
  • pierre muller laidback mountains
0 / 0

Quand reviendra le temps de jouer dehors, Pierre s'attend à ce que la vie soit un peu différente pendant un certain temps, les gens devant éviter les contacts dans des endroits comme les refuges de montagne ou même au bureau.

« Quand nous ouvrirons les portes pour retourner travailler et jouer, nous devrons nous comporter de manière très intelligente », a-t-il déclaré. « Nous devrons probablement porter un masque non seulement pour nous protéger, mais aussi pour le reste du monde. Je suis encouragé et optimiste aujourd'hui car la plupart des gens que je vois à l'hôpital sont très respectueux. Ils nous font confiance et respectent les règles, et nous devrons tous continuer à le faire. »

Lorsque nous avons parlé avec Pierre, il venait de tenir son fils de trois mois dans les bras pour la première fois depuis plusieurs semaines à cause de sa maladie, mais il prévoyait de travailler 10 heures à l'hôpital le lendemain. Ses compétences sont nécessaires pour aider à traiter plus de patients atteints du COVID-19 qui se trouvent dans la même situation dans laquelle il s'est retrouvé il y a quelques jours. Pierre devra faire attention à ne pas ramener le virus à la maison avec lui. Il se douchera au travail avant son départ, il ne portera pas de montre, il laissera ses chaussures devant la porte de la maison, se douchera à nouveau à son arrivée et lavera ses vêtements immédiatement. Heureusement, sa femme et son fils étaient en bonne santé, mais Pierre savait qu'il serait bientôt de retour au milieu du combat, qui durera probablement pendant des semaines.

« Demain », nous dit-il, « je retourne au travail. »

 

En signe de reconnaissance et de remerciement pour le travail accompli par les professionnels de la santé qui, comme Pierre, sont en première ligne pour lutter contre le COVID-19, Salomon a fait don de chaussures RX Slide et de chaussettes de compression au personnel médical d’hôpitaux français de Lyon, Paris, Mulhouse, Chambéry, Marseille et de notre ville natale d'Annecy. Salomon a travaillé avec les organisations hospitalières dans ces villes qui ont été profondément touchées par cette crise sanitaire pour s'assurer que ces chaussures soient approuvées pour une utilisation dans ces environnements médicaux et nous espérons qu’elles apporteront un confort supplémentaire aux personnes courageuses qui restent debout pour le reste d'entre nous.

11